Initié dès l’école primaire à la prise de vue et au tirage en noir et blanc par un instituteur- mon père- j’ai possédé très vite mon propre appareil. De mes premiers voyages j’ai ramené des reportages – école de Gambier (publié par Petit Loup), lavandiers de Bombay, moines de Shaolin… L’UNICEF a également utilisé une de mes séries sur « les enfants à travers le monde ».
Séduit par la vitalité et l’énergie du Street Art j’ai réalisé plusieurs séries dans différents pays.
Mais avec le recul je me suis aperçu que « le sel de la vie réside dans les rencontres » (Benchetrit) et que le fil conducteur de mon travail a souvent été la vie des autres. « Est-ce ainsi que les gens vivent ? » écrivait Aragon.
Remplaçant le stylo par le viseur de mon appareil je me suis approprié le texte de Tristan Bobin. « Il y a des visages, des rencontres qui m’ont frappé : des quantités de merveilles qui, si je ne les avais pas (photographié) aurait glissé dans le néant du sans mémoire, du sans parole, du non partagé. Je me suis aperçu que les choses qui ne sont pas (photographiées) se perdent à jamais. (La photographie) garde la trace de ce qui a été fragile, éphémère et si vital. Elle permet de maintenir le vol même de la vie. »
Photographier des personnages, des paysages ce n’est pas les figer pour faire un arrêt sur image ; c’est se prémunir contre l’oubli, c’est pouvoir se demander, toujours, et parfois avec une pointe d’inquiétude : « et maintenant que sont-ils devenus ? »